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SOCIETE HISTORIQUE DU VIe ARRONDISSEMENT

Les lieux, édifices et monuments

Quatre mairies pour un arrondissement

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Quatre mairies pour un arrondissement

 

On le sait, les arrondissements de Paris sont passés sous le IInd Empire de douze à vingt après l'annexion, en 1860, des communes limitrophes. À cette occasion les arrondissements antérieurs ont changé de numérotation et, pour certains, de périmètre. Ainsi l'ancien XIe est devenu l'actuel 6ème, au prix de quelques ajustements de territoire. Il a perdu, à l'est, la zone comprise entre la rue Saint-Jacques et le boulevard Saint-Michel nouvellement percé sur le tracé des rues de la Harpe et d'Enfer. À l'ouest il s'est enrichi de la zone comprise entre les rues de Vaugirard, du Regard et du Cherche-Midi et les rues des Saints-Pères et de Sèvres, précédemment dans le Xe. Au sud, il a été borné par le boulevard du Montparnasse sur toute sa longueur, perdant les terrains entre ce dernier et le mur des Fermiers-Généraux (boulevards Raspail, Edgar-Quinet, de Vaugirard et Pasteur).

Construite entre 1845 et 1849, l'actuelle mairie du 6ème arrondissement fut aussi celle de l'ancien XIe dans ses dernières années. Auparavant, elle avait installé ses bureaux à trois adresses successives entre 1795 et 1849, les changements étant à chaque fois motivés par la nécessité de s'agrandir pour faire face au développement de ses activités dans une ville en constante expansion.

Paris ne s'est pas fait en un jour, son découpage administratif non plus. Il y eut les quartiers, sous l'Ancien régime, au nombre de vingt et un, puis les districts, au début de la Révolution, au nombre de soixante, lesquels ont été remplacés dès 1790 par quarante-huit sections, les fameuses sections qu'on trouvera au premier rang des évènements tragiques de 1792 à 1794. En 1795 enfin la Convention, pour mieux les contrôler, regroupa les sections en douze arrondissements. Il fallut leur trouver des locaux.

 

Le collège Mignon

 

En 1795 le choix des autorités se porta sur l'ancien collège Mignon, qui s'élevait sur la rue du même nom. Désaffecté en 1769, il avait été converti en imprimerie, elle-même déclarée bien national en 1790 et affectée aussitôt à la section du Théâtre-Français pour la tenue de ses séances. La mairie s'y installa en février 1796. L'emplacement correspond aujourd'hui à celui de l'hôtel des Sociétés savantes, édifié à l'occasion du percement de la rue Danton à la fin du 19ème siècle. Par leur surface les locaux correspondaient aux besoins, mais ils étaient vétustes et d'accès malaisé dans ce quartier encore constitué de petites rues étroites, si bien que l'on n'eut de cesse de trouver un bâtiment mieux adapté.

 

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La rosace du la façade du Collège Mignon, avant sa démolition en 1898. Photo Sh6.


 

Au 21 de la rue du Vieux-Colombier

 

Les édiles durent néanmoins patienter près de neuf ans avant de s'installer le 22 décembre 1804 dans un hôtel particulier à l'actuel n° 21 de la rue du Vieux-Colombier, avec un bâtiment central en fons de cour et deux ailes en retour. Il existe toujours, caché derrière l'immeuble édifié ultérieurement le long de la rue, à côté du théâtre. Bien que censé plus vaste que l'ancien collège Mignon, on est surpris par le petit nombre de pièces. Au fond, la salle des mariages, une salle de réunion de même dimensions, le bureau du maire et le bureau de l'état-civil. Dans l'aile gauche trois bureaux de petite taille, et dans l'aile droite le bureau militaire et deux petites pièces. Mais la mairie n'était que locataire et l'hôtel ayant été vendu en 1815, le nouveau propriétaire décida une forte augmentation du loyer. Le maire refusa et reçut congé à compter du 1er juillet 1818. Ainsi mis au pied du mur, si l'on peut dire, on commença à trouver quelques qualités à l'ancien collège Mignon qu'on avait tant décrié quinze ans auparavant, mais il était désormais occupé par les Archives du Trésor qui s'y trouvait fort bien. Il fallut chercher ailleurs.

 

L'hôtel de Sourdéac, à louer rue Garancière

 

Une opportunité se présenta rue Garancière. L'hôtel de Sourdéac était à louer, au n° 8 actuel, où il dresse encore de nos jours sa majestueuse et austère façade. Derrière les hauts murs se dissimulent en fait deux hôtels, le « grand » hôtel, puis, derrière un jardin, le « petit » hôtel qui ouvre rue Servandoni. Le bail signé par la mairie le 1er juillet 1818 portait sur le petit hôtel, bientôt étendu à une partie du grand hôtel. Des difficultés ne tardèrent pas à naître. D'abord la cohabitation avec d'autres locataires ne semble pas avoir été des plus harmonieuses et on évita à grand peine un procès grâce à une transaction amiable. Surtout l'immeuble changea de propriétaire et le nouveau venu profita des renouvellements de bail pour imposer à son tour des augmentations de loyer jugées excessives. La Ville comprit que l'on n'échapperait à cet engrenage spéculatif que par l'acquisition d'un terrain et la construction d'un bâtiment dont on serait propriétaire.

 

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L’ancienne mairie rue Garancière, Lansiaux, vers 1917, Photo Sh6

 

La rue Bonaparte

 

Le percement de la place Saint-Sulpice avait marqué le début d'une intense activité immobilière dans le quartier. Le 17 août 1840 la Ville acheta l'hôtel de Charost, à l'angle de la rue de Mézières et de la rue Bonaparte, le fit raser et confia aux architectes François Rolland et Paul Levicomte les plans d'une nouvelle mairie à édifier à cet emplacement. Les travaux commencèrent en 1845 et durèrent quatre ans. Le 15 juillet 1849 la mairie emménageait dans ses nouveaux murs. Elle ne devait plus en bouger. C'est la plus ancienne des mairies d'arrondissement actuelles. Elle fut d'ailleurs pensée par ses concepteurs comme un prototype de mairie d'arrondissement destiné à être reproduit. Le changement de régime et plus encore l'arrivée du préfet Haussmann à la tête des grands travaux voulus par Napoléon III en décidèrent autrement, et la mairie du 6ème arrondissement, avec sa façade classique et sobre, restera une construction originale qui se démarque des architectures surchargées des autres mairies parisiennes.

 

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La nouvelle mairie. Gravure Sh6

JpD

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