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La dernière borne milliaire de Paris

Rue de Vaugirard
Sur le trottoir des numéros impairs de la rue de Vaugirard, à l'angle de la rue Littré, se trouve une borne en granit en partie encastrée dans le mur de clôture d'une école. Il s'agit de la dernière, à Paris, des bornes dites « milliaires » qui, en application d'une ordonnance royale, étaient érigées le long des routes de France toutes les mille toises, ces dernières étant mesurées à partir du point considéré comme le centre de la ville de Paris, c'est-à-dire le centre de la façade de la cathédrale Notre-Dame. Une toise équivalant à 1,949 mètre, cette borne se trouve à environ deux kilomètres de Notre-Dame. Sur la route de Vaugirard, c'est la première, et c'est pour cela qu'elle comporte dans sa partie supérieure une entaille verticale représentant le chiffre 1. Sous cette entaille, on remarque une autre entaille, de forme ovale, aujourd'hui parfaitement lisse : il est vraisemblable que s'y trouvait gravée à l'origine une fleur de lys, l'emblème royal, et que celui-ci fut effacé lors de la Révolution, en exécution des divers décrets pris fin 1792 et début 1793, relatifs à la suppression de tous les insignes de la féodalité. Un document conservé aux Archives Nationales (M 666) rend compte de l'exécution, par l' « inspecteur principal du nettoyment » Brunesseau, de cette suppression des fleurs de lys sur les bornes milliaires et en énumère sept existant à cette époque « dans les fauxbourgs (sic) de Paris », dont celle qui nous intéresse ici :
  • faubourg Saint-Denis, près de l'ancien laissez-passer
  • route de Versailles, à Passy, au n° 15
  • rue de Charonne, au n° 16
  • rue du faubourg Saint-Antoine, au n° 34
  • rue Mouffetard, près la porte du cloître Saint-Marcel
  • rue d'Enfer, le long du mur de la ci-devant abbaye de Port-Royal, en face du n° 26
  • et celle de la rue de Vaugirard, à côté du n° 1508.
On relève à cette occasion que la numérotation des maisons à la fin du XVIIIe siècle était très différente de l'actuelle ; elle était aussi beaucoup plus fantaisiste. On a pu établir que les actuels n° 75 et 77 portaient alors respectivement les n° 1500 et 1501. La liste de Brunesseau n'est pas exhaustive, car un témoin a indiqué en 1918 se souvenir avoir vu avant 1870 une borne de ce type rue de Charenton, près de l'hospice des Quinze-Vingts, et d'en avoir ultérieurement trouvé la représentation sur un plan d'urbanisme datant de 1852 : le relevé des distances opéré sur ce plan situe ladite borne exactement à la distance de mille mètres de Notre-Dame. Il s'agit bien d'une borne milliaire. L'urbanisation et la modernisation de la voirie parisienne a entraîné la disparition de ces bornes, à l'exception de celle de la rue de Vaugirard. Elle doit probablement sa conservation à la conjonction de deux heureuses circonstances : son inclusion dans le mur de clôture d'un établissement public qui n'a pas eu besoin d'en modifier le tracé, et l'intérêt que lui a porté la Commission du Vieux Paris. Dans le procès-verbal de sa réunion du samedi 29 juin 1918, cette dernière émet « le vœu que la conservation de la borne milliaire de la rue de Vaugirard, seul vestige restant à Paris du premier mesurage des routes de France, soit pour toujours assurée, et dans ce but que son existence soit signalée au Comité des inscriptions parisiennes qui déciderait s'il n'y a pas lieu de poser à cet emplacement une plaque rappelant l'ancienne destination de ladite borne ». La plaque n'a pas été posée, mais le vœu de conserver la borne a été exaucé.

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